Présentation

dimanche 21 août 2016
par  Lavinia


Hans Makart, Le toucher , L’ouïe, La vue, L’odorat et Le goût (tableaux peints entre 1872 et 1879)

Le but de ce site est tout à fait partisan : décrire les plus beaux parfums de ma collection privée, afin qu’ils soient compris comme des œuvres d’art vivantes. Si tel était le cas, les parfums cesseraient d’être défigurés au nom de résultats d’études dont la scientificité reste contestable. Par-dessus tout, les plus beaux, parmi ceux que je connais, seraient-ils peut-être davantage portés. C’est là l’unique moyen d’affirmer publiquement l’intelligence d’une forme l’art menacée et peu reconnue, peut-être en raison de son rapport avec l’odorat. De plus, de ce point de vue, le monde ressemblerait moins à une fraise Tagada.



Fraise Tagada

La beauté d’un parfum, en effet, ne devient réelle qu’une fois diffusée dans l’air. Elle ne vit qu’au travers de ceux qui se l’approprient et lui donnent corps. Rien de particulier en cela, car une œuvre d’art est toujours portée par son public : un livre n’existe que tant qu’il est lu, un tableau regardé, une composition musicale jouée et écoutée. Dans ce cadre, la parole s’avère absolument vitale, car toutes ces pratiques sont entretenues par des échanges constants entre amateurs.



Renoir, La Liseuse, (1890)

Un parfum doit donc être porté par son public tant au sens propre que figuré. Afin de faire entrer une composition chimique dans le domaine de l’art, ne suffit-il que les connaisseurs en reconnaissent l’intérêt ? Quelque part, si les œuvres se conservent dans les bibliothèques, les musées, les osmothèques, elles y meurent aussi.



Osmothèque à Versailles

Du moins, un parfum ne vit-il réellement que sur la peau, mélangé à une chimie corporelle, soumis aux conditions météorologiques, au rythme des saisons, bref à la qualité de l’air ambiant. Il est donc naturellement changeant, jamais entièrement préservé, toujours en mouvance : le porter suppose qu’on se laisse porter par son mode de vie nomade. S’approprier un parfum corps et âme, c’est ni plus ni moins lui prêter sa propre personne : sa chimie, certes, mais aussi sa sensibilité, son allure et son charme.



Coco Chanel : "Il n’y a pas d’élégance sans parfum."

C’est pourquoi je me propose de partager les œuvres dont je suis capable d’éprouver la créativité, dans ma mesure où je peux les tester à loisir sur des mouillettes, des tissus et surtout à même la peau. Je dispose aussi d’un orgue à parfum, qui reste malgré tout une béquille parmi ses milliers de notes et de bases, mais me permet parfois de lever le doute sur certaines notes. Comme tous les blogs, le mien trace quelques pistes parmi d’autres, au travers de ce monde à part, relevant d’un sens méconnu, dont il faut trouver à la fois la clé et la porte.



Découverte de l’odorat

Les études sur l’odorat démontrent, en effet, que les pistes sont nombreuses : selon les individus, les molécules odorantes ne passent pas par les mêmes récepteurs et empruntent des chemins très divers pour parvenir au cerveau sous forme d’impulsions chimiques et électriques. Ainsi plusieurs clés peuvent ouvrir la même porte et une seule clé en ouvrir plusieurs, car le cerveau interprète les signaux et identifie les senteurs fonction de l’expérience qui l’a modelé.



Schéma simplifié de l’olfaction

Pour complexe qu’il soit, ce processus de reconnaissance reste, cependant, transformable, car les connexions nerveuses et le cerveau lui-même se modifient au fil de l’expérience. Je m’adresse donc à ceux qui souhaitent trouver la clé d’un parfum et ouvrir une porte fermée, ou alors à ceux qui, possédant une clé, resteraient curieux de le découvrir par d’autres détours. Reste que la démarche en revient toujours à s’enfoncer au plus profond d’un monde inconnu dont les plus beaux parfums nous laissent seulement deviner l’ampleur.



Brueghel et Rubens, L’odorat dans la série : Allégorie des cinq sens (1618)

Est-ce celui des souvenirs enfouis ? Rien ne permet de l’affirmer avec certitude, même si l’impact d’une odeur fait ressurgir le passé, car un son ou une vision ne nous rappellent-ils jamais un passé qu’on croyait oublié, de façon tout à fait viscérale ? L’odorat n’est donc peut-être pas plus lié à la mémoire que les autres sens, seulement il agit de façon plus mystérieuse, parce qu’il reste, la plupart du temps, ignoré. On manque de vocabulaire pour décrire une odeur, passant par des analogies avec les couleurs, le chaud et le froid et les objets ou les lieux qu’il nous rappelle, sans oublier l’éternel bouquet de fleurs coupées !



Brueghel, Bouquet dans un baquet (1606-07)

Quitte à chercher quelques repères dans ce jeu de pistes, je me propose de classer les parfums selon les thèmes qu’ils abordent et les styles artistiques qu’ils adoptent. Je respecte les familles habituelles, là où elles permettent de comprendre la tradition dont ils sont issus et l’effet qu’ils produisent. Je prendrai, néanmoins, des libertés avec les systèmes de classification existants, lorsqu’il me semble qu’une famille regroupe des parfums qui n’ont pas le même esprit, ni des senteurs comparables.


Shakespeare « Ce que nous appelons une rose embaumerait autant sous un autre nom » (Roméo et Juliette)

Par ce biais, je cherche à mettre l’accent sur la démarche artistique des parfumeurs et notre perception réelle des parfums. Cette perspective me conduit à privilégier la sensation souvent perdue de vue, à force de vouloir faire entrer, à tout prix, un parfum dans la catégorie chimique de ses ingrédients ou sous les labels proposés par les équipes de marketing.



Le n°5 est une œuvre abstraite, ici présentée comme un parfum à la rose, chose que détestait Coco Chanel par dessus tout !

Cette approche n’étant pas la seule valable, le lecteur pourra retrouver le parfum qui l’intéresse, en entrant son nom, sa marque, le nez qui l’a composé, ainsi que ses notes principales, dans le moteur de recherche situé en haut à droite.

Articles de cette rubrique :


Commentaires