Les fougères aromatiques

mercredi 10 août 2016
par  Lavinia

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Ceci n’est pas une fougère


Rappelons-le les fougères se composent de notes aromatiques de lavande et de coumarine, assorties à des notes de tête hespéridées, à des tiges de géranium en note de cœur, avec, en fond, de la mousse de chêne. Sorti en 1884, Royal Fougère de Houbigant fut le premier parfum de ce genre, introduisant la coumarine, une substance naturelle organique présente dans la fève de tonka, et du salicylate d’amyle, un produit de synthèse, à la base de son accord fougère. Ce parfum avait été créé pour les femmes, mais les notes de lavande et de foin, venant de la coumarine, rappelaient l’ambiance olfactive des produits de rasage et la mousse de chêne celle des bois. Royal Fougère fut donc adopté par les hommes.


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Coumarine (plante)


Les fougères aromatiques sont une variation sur cet accord. Ils donnent du mordant à cette figure de style en lui ajoutant des herbes de Provence et des épices. Parmi eux, Jicky, créé en 1889, reste le plus accompli même s’il ne suscita jamais lui non plus l’engouement des femmes auxquelles il était destiné. Trop de senteurs amères se dégagent des herbes de Provence, des feuilles, des tiges et de la lavande elle-même, sans parler d’une certaine odeur de civette, trop agressive pour un public habitué aux eaux de fleurs très douces et aux eaux de Cologne moins riches en aromates. Toutefois, sa profondeur reste unique et Jicky l’ultime fougère.


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Herbes de Provence


Jicky dérangeait et fut surtout porté par les Dandys, Royal Fougère restant la référence pour les hommes amateurs de cette famille de parfum. Il fallut 1948 avant qu’une eau de toilette élégante s’accorde avec l’idéal masculin. Cette année là, Rochas sortit un fougère aromatique moins ambigu, Moustache, composé par Edmond et Thérèse Roudniska. Moustache sent la propreté virile tel qu’elle était conçue à l’époque : un mélange d’hespéridés très citronné, beaucoup d’herbes amères, la base traditionnelle des fougères et un léger relent de transpiration.


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Rochas, Moustache


Par la suite, Paco Rabanne pour un homme, lancé en 1978, renouvelle le genre en mettant l’accent sur les notes miellées, déjà présentes dans Moustache. Rétrospectivement, le parfum de Paco Rabanne reste plutôt conservateur, alors qu’Azzaro pour homme, sorti cinq ans plus tard, introduit la douceur de l’ambre, avec en plus des arômes de basilic et d’anis dans le répertoire des fougères aromatiques. Dans les années 80, ceux-ci, très en vogue, penchent alors dans plusieurs directions : la lavande synthétique surpuissante de Drakkar noir de Guy Laroche, lancé en 1982, le dihydromyrcénol, leur apporte une fraîcheur dite ’aquatique’ et des notes épicées débouchent sur les parfums orientalisés pour homme des années 90s.


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Laroche, Drakkar noir


Dans les années 90s, ces deux tendances se confirment : d’une part, le dihydromyrcénol, représentant une note aquatique, s’introduit dans la plupart des fougères aromatiques ; d’autre part, ces parfums ne boudent pas la sensualité de notes ambrées virilisées par des notes de bois.


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Dihydromyrcénol


Démodés, les fougères aromatiques jouent la carte de l’humour. En 1995, avec la sortie de son premier parfum, Le Mâle, Jean-Paul Gaultier fait de l’odeur du savon à barbe une revendication de la masculinité : « Être un homme est une valeur. Elle doit être partagée par toute personne humaine, quel que soit son sexe. » Le marketing s’adresse avec humour au marché homosexuel, mais la fragrance fut aussi adoptée par des hétérosexuels en quête de sensualité.


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Affiche pour Le Mâle


Dans Le Mâle, en effet, les hommes ont droit à une certaine douceur, car l’accord fougère, retravaillé par Francis Kurkdjian et Christopher Sheldrake, s’adorne de fleurs d’oranger et se prolonge dans un fond ambré/vanillé. Ce qui se passe là est assez typique de ce qui suit : l’accord fougère reste toujours l’ossature de bien des parfums masculins, mais ils se distinguent par l’association, au choix, de notes aquatiques, vertes, fleuries, épicées et ou ambrées.


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Laroche, Drakkar noir


Depuis le début du 21ème siècle, ce qu’on appelle un fougère aromatique a beaucoup évolué. Il s’agit de parfums à la lavand, comme Vert Galant d’Henry Jacques, ou avec de fortes de notes de tabac, tel Issara de Dusita, qui ne contiennent pas de notes hespéridées, des fleurs en note de cœur ou, en fond, de la mousse de chêne. On les compte, toutefois, dans cette catégorie, car ils respectent une certaine identité olfactive commune : l’accent est mis sur des plantes aromatiques, non sur des fleurs, des fruits, des bois, des épices ou des résines.




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